L’agentivité : le lien ultime entre soft skills et IA
[Article rédigé le 13 avril 2023 par Jeremy Lamri avec le support de l’algorithme Open AI GPT-4 pour environ 20%].
On parle beaucoup du développement des soft skills, et c’est tant mieux. Mais pour sortir de l’ornière linguistique et prendre un peu de hauteur, il faut aller encore plus loin. Aujourd’hui, je développe avec vous le concept d’agentivité, une notion puissante qui peut transformer la façon dont les individus interagissent avec le monde et prennent leurs décisions. A l’heure où les efforts sont concentrés avec succès sur l’agentivité de la machine, il est peut-être temps d’équilibrer le jeu. Plongée dans un article à la croisée des chemins entre adaptation de l’humain et de la technologie.
Qu’est ce que l’agentivité ?
L’agentivité est la capacité qu’ont les individus à prendre des décisions et à agir de manière autonome. Elle est basée sur une prise de conscience de soi et comprend des notions comme la responsabilité, l’autonomie, la liberté et le pouvoir. L’agentivité implique une prise de conscience des possibilités et des contraintes qui entourent une action et une capacité à mettre en œuvre des moyens adéquats pour atteindre un objectif donné.
L’agentivité en tant que facteur d’autonomie a été théorisée dans les années 1920 par le psychologue américain Alfred Adler, père de la psychologie individuelle. Il soutenait que chaque individu est responsable de sa propre vie et qu’il doit prendre des décisions en fonction de ses intérêts et objectifs personnels. L’agentivité est une notion centrale dans la psychologie adlérienne qui souligne le rôle essentiel de l’individu dans sa propre vie. En se concentrant sur les intérêts et objectifs personnels, Adler croyait qu’une personne pouvait prendre des décisions en fonction de sa situation personnelle et non pas uniquement sous l’influence extérieure.
Pour cette raison, il pensait que chaque individu avait le devoir de promouvoir son autonomie pour atteindre plus facilement ses buts. Il considérait également que l’autonomisation était un moyen efficace pour acquérir une meilleure compréhension du processus crée par soi-même afin d’amener des changements positifs à sa vie et être capable de faire face aux difficultés futures avec confiance. La liberté individuelle étant au centre du concept d’agentivité, elle favorise la prise en charge active des problèmes rencontrés par chacun sans oublier les implications sociales encouragant ainsi la sociabilité entres individus tout autant que leur bien-être personnel .
Cette notion est fondamentale dans la compréhension des dynamiques sociales. Les agents faisant preuve de cette agentivité peuvent être vus comme des acteurs en mesure de prendre des décisions et des actions ayant des conséquences pour leur communauté ou leur société. Cette notion est particulièrement importante pour comprendre comment les individus et les groupes peuvent influencer leurs entourages. Par exemple, un groupe de citoyens peut organiser un mouvement pour mettre fin à une politique qu’ils considèrent injuste. Les individus peuvent également exercer leur agentivité en prenant des décisions qui ont un impact sur leur vie, comme le choix d’un métier ou le déménagement dans une autre ville.
En outre, l’agentivité peut être étudiée à différents niveaux, allant des groupes et des communautés à l’échelle globale. Elle peut aider à comprendre comment les actions des individus et des groupes contribuent à façonner le cours des événements à une échelle plus large et à favoriser ou à empêcher le changement. Par exemple, l’action collective d’un petit groupe de personnes peut avoir un effet significatif sur les politiques et les lois dans un pays ou une région.
Pourquoi faut-il développer l’agentivité ?
L’agentivité peut être vue comme l’indicateur d’autonomie et de responsabilité des individus et des groupes sociaux. En développant son agentivité, une personne dispose des ressources nécessaires pour faire face aux situations inattendues qu’elle pourra rencontrer tout au long de sa vie. Elle apprendra également suffisamment pour tenter d’éviter certaines situations indésirables et critiques. Car c’est une chose de savoir sortir par le haut des situations difficiles, mais c’est tout aussi important de savoir éviter ces situations. On peut également noter que le développement de l’agentivité aide les individus à développer leurs compétences en matière de résolution de problèmes, ce qui leur donne la confiance et la capacité de résoudre différents problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie.
Inversement, si une personne ne développe pas son agentivité, cela peut entraîner des difficultés à affirmer ses droits et à prendre des décisions, à affronter ses responsabilités et à résoudre les problèmes de manière efficace. Cela peut également avoir un impact négatif sur sa confiance en elle et sa capacité à faire face aux défis et aux stress. Une mauvaise agentivité peut également limiter la capacité d’une personne à trouver et à maintenir des relations saines. Surtout, une personne qui n’a pas développé son agentivité peut être plus vulnérable aux abus et aux manipulations, et elle aura plus de difficulté à prendre des décisions et à reconnaître ses propres besoins.
Pour aller plus loin, on peut évoquer la théorie de la cognition agentique, qui propose que le comportement agentique, tel que l’action, la prise de décision et la résolution de problèmes, peut mener à des résultats positifs en matière de bien-être. Des leviers identifiés pour y parvenir incluent par exemple la définition d’objectifs et le sentiment de contrôle. La théorie de la cognition agentique a été initialement développée par des penseurs tels que Herbert Simon, John Holland et Rodney Brooks. Une des principales contributions de cette théorie est le concept de cognition réactive, qui est la capacité des agents à réagir à l’environnement et à apprendre à partir de leurs expériences.
Qui aller voir pour ces sujets
L’entreprise internationale (et française !) de design cognitif Humans Matter a fait sa mission première de développer la capacité d’agir, qui inclut notamment l’agentivité. Je vous invite à découvrir l’approche de Humans Matter sur ce sujet, menée par Olivier Fronty, Stéphanie de Chalvron, Alexandre Beaussier et leurs équipes. Avec plus de 150 professionnels à bord dédiés au sujet, c’est une initiative française à souligner dans ce riche écosystème de la gestion du capital humain !
Comment développer l’agentivité ?
L’agentivité peut être encouragée par des pratiques telles que la formation aux compétences sociales, le travail d’équipe et les résolutions de problèmes. Ces activités permettent aux individus d’acquérir une plus grande sensibilité à l’autonomie et à la responsabilité personnelle. En favorisant l’auto-expression, l’engagement envers des activités positives et/ou constructives, et le soutien des pairs, il devient possible de modifier la perception qu’un individu a de son environnement et de lui-même, pour le rendre plus en conscience et en responsabilité.
Les personnes doivent disposer d’un espace sûr pour exprimer librement leurs opinions sans crainte de jugement ou de représaille ; cela permet également un processus décisionnel plus fluide, car tous les membres du groupe se sentiraient en confiance pour fournir des commentaires honnêtes. Il est également important que chaque membre du groupe soit traitée avec respect afin qu’ils puissent participer pleinement au processus décisionnel et prendre part activement aux discussions sur une base égale avec tous les autres participants.
La participation active contribue directement à amener chacun vers un sentiment accru d’agentivité et donc vers une contribution significative au changement positif souhaité par l’organisation ou le collectif en question. L’un des fondements pour améliorer l’agentivité est le fait que chaque personne reconnaisse sa propre valeur unique afin qu’elle puisse prendre sa place comme agent actif capable de promouvoir des changements positifs qui profiteront non seulement elle-même mais aussi ses pairs .
Si vous voulez aller plus loin, il peut être intéressant de creuser les travaux de Bandura, qui permettent d’émettre l’hypothèse que le sentiment d’efficacité personnelle pourrait être le facteur majeur de développement de l’agentivité. Il semble plutot logique de relier les deux concepts, profondément ancrés dans les théories socio-cognitives.
Les limites du concept d’agentivité
L’agentivité est un concept où les individus sont considérés comme des agents autonomes qui prennent des décisions et agissent de leur propre chef. L’idée est que chaque individu est responsable de ses propres idées, croyances et convictions. Cependant, l’agentivité a ses limites. En effet, elle suppose que les individus sont complètement libres et indépendants et, par conséquent, néglige le fait que les individus sont soumis à des contraintes et à des influences externes qui peuvent les influencer et, dans certains cas, les contrôler. Certains argumenteront sur le fait que certaines personnes sont moins sujettes à ces influences que d’autres, et c’est vrai. Mais cela n’élimine pas tous les cas où l’influence est effective et significative.
En effet, les individus sont soumis à des pressions sociales, politiques ou religieuses et peuvent être influencés par leur culture, leur communauté et leurs expériences passées. C’est ce que l’on appelle la théorie de la structure sociale. Plus précisément, la théorie de la structure sociale est une théorie qui tente de comprendre comment les facteurs sociaux sont liés et interdépendants, ainsi que comment ces facteurs influencent le comportement des individus. Elle se concentre ainsi sur les relations entre les institutions, les individus et les groupes sociaux. De la même manière, les différences de statut social, les inégalités et les conflits peuvent influencer le comportement des individus et des groupes
La théorie de la structure sociale limite donc la puissance réelle du concept d’agentivité, lequel sous-entend que les individus prennent des décisions rationnelles et cohérentes, alors qu’elles sont souvent fondées sur des préjugés et des croyances limitées autant que limitantes. Sans nier le potentiel de l’agentivité en tant qu’indicateur et vecteur de changement, il est important de reconnaitre que la notion tend à minimiser la complexité des décisions humaines, et sous-estime les influences externes qui peuvent influencer et contrôler le comportement des individus.
L’agentivité à l’ère de ChatGPT et AutoGPT
Si dans le monde physique, l’agentivité est le pouvoir d’agir et d’influencer les événements, le concept peut également désigner en IA la capacité d’un système ou d’un programme à prendre des décisions et à agir de manière autonome, sans intervention humaine. Les progrès réalisés dans des domaines tels que l’apprentissage automatique, la robotique et la compréhension du langage naturel ont considérablement amélioré l’agentivité de l’IA, ouvrant la voir à des agents intelligents capables de prendre des décisions et d’agir de manière autonome. Dans ce monde si froid et structuré qu’est le digital, il y a même au moins cinq critères formels de l’agentivité d’une IA :
1. Autonomie
L’autonomie est un élément essentiel de l’agentivité dans l’IA. Les systèmes autonomes sont capables de fonctionner sans intervention humaine, prenant des décisions et agissant en fonction de leur compréhension de l’environnement et des objectifs qu’ils ont été conçus pour atteindre. Des exemples d’IA autonome incluent les véhicules autonomes, les drones, et les robots industriels.
2. Apprentissage
Les agents intelligents apprennent à partir de leurs expériences et de leurs interactions avec leur environnement. L’apprentissage automatique, en particulier l’apprentissage en profondeur, a conduit à des avancées majeures dans la capacité des systèmes d’IA à apprendre et à s’adapter en fonction des données et des retours d’expérience. Cela permet aux agents d’IA d’améliorer leurs performances et de développer de nouvelles compétences au fil du temps.
3. Adaptabilité
L’agentivité de l’IA implique également la capacité à s’adapter aux changements et aux nouvelles situations. Les agents intelligents doivent être capables de modifier leurs comportements et leurs stratégies en fonction des circonstances, afin de continuer à atteindre leurs objectifs. Cette adaptabilité est essentielle pour que les systèmes d’IA puissent fonctionner de manière autonome dans des environnements complexes et incertains.
4. Interaction
Les agents IA doivent être capables d’interagir avec d’autres agents, qu’ils soient humains, machines ou d’autres systèmes d’IA. Les interactions entre agents peuvent impliquer la communication, la coopération, la négociation et la résolution de conflits. Les avancées dans les domaines de la compréhension du langage naturel, de la génération de texte et de la modélisation des émotions ont permis de créer des agents IA capables d’interagir de manière plus naturelle et efficace avec les humains et les autres systèmes.
5. Prise de décision
L’agentivité de l’IA est en grande partie liée à la prise de décision. Les agents IA doivent être capables de prendre des décisions en fonction de leurs connaissances, de leurs objectifs et de leur compréhension de l’environnement. Les techniques d’apprentissage par renforcement, d’optimisation et de planification sont largement utilisées pour aider les agents IA à prendre des décisions efficaces et à résoudre des problèmes complexes.
Le meilleur exemple récent d’une agentivité avancée de l’IA est AutoGPT. Si vous ne connaissez pas encore le sujet, il est temps de vous y plonger, car il tend à rendre ChatGPT obsolète sous peu ! Plus précisément, à date, AutoGPT est une bibliothèque open-source qui permet de créer des agents autonomes à l’aide de GPT-4. Les principales caractéristiques d’AutoGPT incluent l’accès à Internet pour les recherches et la collecte d’informations, la gestion de la mémoire à court et long terme, l’accès à des sites Web et plateformes populaires et le stockage et la synthèse de fichiers avec GPT-3.5.
Pour utiliser AutoGPT, il est nécessaire d’avoir Python 3.8 ou une version ultérieure, une clé API OpenAI et une clé API Pinecone. Le processus d’installation et d’utilisation est décrit en détail dans les instructions fournies. AutoGPT est principalement conçu pour montrer le potentiel de GPT-4, bien qu’il présente certaines limitations et peut être coûteux à exécuter.
Conclusion
Le monde avance beaucoup trop vite en ce moment, et je suis convaincu que nous vivons en 2023 un tournant majeur de notre civilisation. C’est pour cela qu’il est nécessaire de suivre chaque développement avec prudence et attention, pour avancer en conscience et en responsabilité. L’agentivité est un concept important qui met l’accent sur l’autonomie et l’initiative individuelles. Il encourage les individus à prendre des décisions et à s’engager dans des activités qui ont un impact positif sur leur environnement, et peut aider à créer des communautés plus fortes et plus solidaires.
Alors que l’agentivité de l’IA est en passe de devenir supérieure à celle de l’humain, il devient fondamental d’accélérer les politiques de développement des soft skills, qui sont les briques essentielles pour garantir une agentivité humaine à la hauteur de nos attentes. Après tout, c’est dommage de prôner l’humain au centre de la société, si on ne fait pas ce qu’il faut pour lui permettre de s’épanouir et s’adapter par lui-même…
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[Article rédigé le 14 avril 2023 par Jeremy Lamri avec le support de l’algorithme Open AI GPT-4 pour environ 20%].
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