Quels futurs pour le travail dans un monde fragmenté ?
Le monde de 2040 ne sera plus structuré autour de la souveraineté étatique traditionnelle telle que définie par les traités de Westphalie en 1648. La notion de pouvoir et d’influence s’est profondément transformée sous l’effet de plusieurs forces systémiques majeures, et a remis peu à peu en cause les modèles de gouvernance hérités du XXᵉ siècle. Cette mutation redéfinit la manière dont les organisations fonctionnent et, par extension, le futur du travail et des compétences.

Dans cette recomposition, plusieurs forces systémiques entrent en jeu : l’accélération technologique (IA, blockchain, automatisation), la montée en puissance des acteurs non-étatiques (Big Tech, crypto-réseaux, DAOs), la fragmentation géopolitique et le déclin progressif du salariat tel que nous le connaissons. Alors c’est certain, le futur du travail ne sera pas unique, et pour le comprendre, il faut faire un détour par la géopolitique !
1) La fin de l’ordre westphalien : fragmentation du monde et naissance des nouveaux empires systémiques
L’ordre westphalien trouve son origine dans les traités de Westphalie de 1648, qui mirent fin à la Guerre de Trente Ans en Europe. Ces accords marquèrent un tournant décisif en établissant le principe de souveraineté des États, un concept fondamental qui structura les relations internationales pendant près de quatre siècles. Jusqu’alors, l’Europe était dominée par des entités supranationales comme le Saint-Empire romain germanique ou l’Église catholique, dont l’autorité transcendait les royaumes. Avec la signature des traités de Westphalie, chaque État se vit reconnaître un droit absolu à gouverner son territoire sans ingérence extérieure, instituant ainsi un équilibre fondé sur l’intégrité territoriale, la non-intervention et la reconnaissance mutuelle entre puissances souveraines.
Ce modèle westphalien structura le monde moderne en consolidant les États-nations comme les principales unités de pouvoir et en fixant des règles précises pour la diplomatie et la guerre. Il permit également l’émergence d’un droit international reposant sur la coexistence pacifique entre nations, tout en laissant place à des rivalités qui se traduisirent par l’équilibre des puissances et l’établissement de sphères d’influence. Cependant, à mesure que le monde évolua vers l’industrialisation et la mondialisation, les principes westphaliens furent progressivement remis en question. L’interdépendance économique, l’essor des grandes entreprises transnationales et la révolution numérique bouleversèrent le monopole des États sur la gouvernance des sociétés humaines.
Aujourd’hui, l’ordre westphalien s’effrite sous l’effet de plusieurs forces systémiques qui redessinent les frontières du pouvoir. Comme le souligne Stephen Krasner dans Sovereignty: Organized Hypocrisy, la souveraineté étatique n’a jamais été absolue et repose souvent sur des arrangements pragmatiques. L’érosion actuelle du cadre westphalien suit cette logique : l’essor des acteurs non-étatiques, des infrastructures numériques transnationales et de la financiarisation de l’économie redéfinit les leviers du pouvoir.
L’accélération technologique, portée par l’intelligence artificielle, l’automatisation et la décentralisation des échanges via la blockchain, réduit l’importance des cadres étatiques traditionnels en conférant davantage d’influence aux acteurs non-étatiques. Les grandes entreprises technologiques, en particulier les GAFAM aux États-Unis et leurs équivalents chinois comme Tencent et Alibaba, contrôlent désormais des infrastructures critiques aussi bien dans le domaine de l’information que dans celui des transactions financières et de la communication mondiale. Leur puissance dépasse parfois celle des gouvernements, posant la question d’une souveraineté privée qui pourrait supplanter la souveraineté nationale.
Dans The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff souligne que les GAFAM et leurs équivalents chinois ont progressivement dépassé les États en contrôlant les infrastructures informationnelles et transactionnelles. Ce basculement met en péril la souveraineté classique et transforme les travailleurs en données exploitables pour maximiser l’efficience économique des plateformes.
Par ailleurs, les chaînes de production mondialisées et la financiarisation de l’économie rendent les frontières économiques de plus en plus perméables, remettant en cause l’idée même d’un État-nation autonome. Les décisions politiques sont désormais contraintes par les marchés financiers, par des régulations supranationales et par la dépendance aux flux logistiques internationaux. Cette réalité se traduit par un affaiblissement de la capacité des gouvernements à agir de manière indépendante, au profit d’alliances stratégiques régionales ou de blocs d’influence transnationaux.
En parallèle, les défis contemporains tels que la crise climatique, la gestion des pandémies et la cyber-sécurité ne peuvent plus être traités à l’échelle d’un seul pays. Ces enjeux nécessitent des coordinations internationales complexes qui dépassent le cadre westphalien de souveraineté absolue. Pourtant, les institutions multilatérales comme l’ONU ou l’OMC peinent à imposer des régulations globales efficaces, ouvrant la voie à des solutions fragmentées et à une concurrence entre modèles alternatifs de gouvernance.
L’évolution la plus marquante de cette transition post-westphalienne réside dans l’émergence de nouveaux empires systémiques, qui ne sont plus définis par des frontières physiques, mais par des logiques de pouvoir technologique, économique et culturel. Ces blocs d’influence redessinent la carte du monde en fonction des infrastructures numériques, des dépendances économiques et des alignements idéologiques. À l’horizon 2040, les États-nations ne seront plus les seuls acteurs souverains ; ils coexisteront avec des systèmes globaux façonnés par des entreprises, des intelligences artificielles autonomes et des communautés numériques transnationales.
Ce basculement vers un monde post-westphalien se manifeste par la consolidation de six grands empires systémiques, chacun incarnant un modèle distinct de gouvernance, d’organisation du travail et de structuration de l’économie. Ces nouveaux blocs ne se contentent pas de remplacer les anciennes alliances géopolitiques ; ils imposent des paradigmes totalement inédits où l’État, l’entreprise et les technologies fusionnent pour redéfinir le contrôle des ressources, des individus et des flux économiques. Le monde qui se dessine ne repose plus sur des traités entre nations souveraines, mais sur des écosystèmes d’influence en compétition constante, façonnant un avenir où le travail et les organisations devront s’adapter à des logiques de plus en plus divergentes.
2) La cartographie des nouveaux empires : six blocs systémiques en concurrence
La fin de l’ordre westphalien ne se traduit pas par un simple chaos géopolitique, mais par la formation de nouveaux blocs systémiques, fondés non plus uniquement sur des frontières physiques, mais sur des logiques de pouvoir technologique, économique et culturel. Ces six grands empires qui émergent à l’horizon 2040 ne sont pas de simples coalitions d’États, mais des écosystèmes hybrides combinant nations, grandes entreprises, infrastructures numériques et cadres idéologiques distincts. Chacun impose une vision du travail, du développement économique et du rôle des individus au sein de la société, donnant naissance à des futurs du travail radicalement différents.
2.1) L’Empire sino-techno-mercantiliste : la fusion du capitalisme d’État et du contrôle algorithmique
L’Empire sino-techno-mercantiliste est une technocratie autoritaire où l’économie et le pouvoir politique sont fusionnés sous l’autorité d’un État-parti omniprésent. Inspiré du modèle chinois actuel, ce bloc repose sur une planification algorithmique du travail et une surveillance totale des populations à travers l’IA et le crédit social.
L’expansion de cet empire ne se fait pas uniquement par la force militaire, mais par une diplomatie économique agressive, notamment via les Nouvelles Routes de la Soie et les investissements massifs en infrastructures dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. L’influence chinoise y remodèle les structures productives en imposant des standards numériques, monétaires et industriels contrôlés par Pékin.
Dans ce système, le travail est optimisé par l’intelligence artificielle d’État. Chaque individu se voit attribuer un crédit social professionnel, évaluant ses compétences et sa fiabilité sur la base de ses performances et de son adhésion au régime. L’affectation des emplois se fait via des plateformes centralisées, où l’IA planifie l’ensemble des besoins productifs en temps réel. L’État encadre strictement les grandes entreprises, leur imposant de suivre les directives de croissance nationale plutôt que des logiques de profit individuel.
Ce modèle offre une efficacité redoutable, permettant de mobiliser les travailleurs de manière ultra-optimisée. Cependant, il réduit considérablement l’autonomie des individus, qui sont dépersonnalisés et assimilés à des rouages d’un système dirigiste, où la flexibilité du marché du travail est compensée par une discipline sociale stricte.
2.2) L’Empire américano-corporatiste : l’avènement du techno-féodalisme et de l’emploi-plateforme
L’Empire américano-corporatiste est dominé par les grandes entreprises technologiques, qui ont progressivement supplanté l’État en matière d’infrastructure, de régulation et même de souveraineté monétaire. Ici, le capitalisme de plateforme a atteint son paroxysme : le salariat a disparu, remplacé par une main-d’œuvre ultra-flexible et précarisée, dépendante des services des GAFAM et des Big Tech.
Dans Technofeudalism: What Killed Capitalism, Yanis Varoufakis décrit comment les Big Tech ont remplacé l’État en tant que nouveaux “seigneurs numériques”, imposant leurs propres monnaies, marchés et conditions de travail aux individus. Cette mutation explique pourquoi l’Empire américano-corporatiste repose moins sur le salariat traditionnel que sur une précarisation extrême du travailleur indépendant, devenu un vassal économique de la plateforme.
Dans ce modèle, chaque individu doit gérer sa propre carrière comme une start-up, optimisant en permanence son attractivité sur des plateformes numériques qui fonctionnent comme des marchés du travail en temps réel. L’IA joue le rôle de courtier, attribuant aux travailleurs des missions en fonction de leur score de performance, de leur réputation numérique et de leurs spécialisations adaptatives.
Le rôle de l’État s’est considérablement réduit. Il est devenu un arbitre plus qu’un régulateur, laissant les grandes entreprises organiser la société à travers des infrastructures privées. Les monnaies numériques d’entreprises (AmazonCoin, ApplePay) ont remplacé les devises nationales, et la protection sociale a été remplacée par des assurances privées dynamiques, ajustant en permanence la couverture d’un individu selon son activité économique.
Ce modèle maximise la compétitivité et l’innovation, mais au prix d’une instabilité extrême pour les travailleurs, qui deviennent des unités économiques jetables, contraints de s’adapter sans cesse aux évolutions technologiques et aux besoins des entreprises.
2.3) L’Empire euro-technocratique : un capitalisme régulé à la recherche d’un équilibre social
Face aux logiques hyper-libérales ou dirigistes des autres blocs, l’Europe tente de préserver un modèle socio-économique hybride, combinant innovation et protection sociale. Cet empire repose sur un cadre normatif fort, cherchant à concilier croissance économique, éthique numérique et préservation des droits des travailleurs.
L’Europe impose un cadre réglementaire strict sur l’intelligence artificielle, le respect de la vie privée et l’économie numérique. Contrairement aux États-Unis et à la Chine, où les plateformes dominent les interactions économiques, ici les États restent les garants d’un capitalisme encadré, où la contribution sociétale devient une nouvelle forme de travail valorisé.
Dans cet empire, le travail ne se résume plus à l’emploi traditionnel : il se transforme en une participation active à l’intérêt général, financée par des dispositifs comme le revenu contributif. L’économie quaternaire, fondée sur la valorisation des compétences immatérielles (savoir, créativité, engagement sociétal), devient une réalité tangible, permettant à chacun de s’inscrire dans des logiques de travail à impact positif.
Cependant, ce modèle peine à rivaliser avec la dynamique agressive des autres empires, et l’Europe risque de se retrouver en position de suiveur technologique, trop contraignante dans ses régulations pour innover aussi vite que ses compétiteurs.
2.4) L’Empire russo-autoritaire : militarisation du travail et cyber-domination
L’Empire russo-autoritaire est un système basé sur la survie économique en contexte de guerre hybride permanente. Largement isolé des circuits financiers et commerciaux occidentaux, il se réinvente à travers une économie de guerre numérisée, où la cybersécurité, l’exploitation des ressources naturelles et la propagande informationnelle deviennent les principaux leviers de puissance.
Ici, l’État contrôle directement les industries stratégiques, et le travail est militarisé, assignant des missions aux citoyens dans une logique de résilience économique. Les cyberattaques sont une industrie à part entière, offrant des perspectives économiques aussi lucratives qu’un commerce légitime.
Ce modèle est hautement instable, car il repose sur une logique de défiance vis-à-vis des autres empires, et l’innovation y est bridée par l’orientation purement stratégique de l’économie.
2.5) L’Empire des réseaux décentralisés : un monde sans États, sans entreprises, sans hiérarchie
L’Empire des réseaux décentralisés est un contre-modèle absolu aux autres blocs. Il repose sur une vision post-étatique, post-salariale et fondée sur l’autonomie individuelle. Grâce aux technologies Web3, aux DAOs et aux cryptomonnaies, le travail s’organise hors des structures classiques, chaque individu contribuant à des projets selon ses compétences et ses affinités.
Ici, les contrats de travail n’existent plus : tout est régulé par des smart contracts automatisés, rémunérant les contributions selon une logique d’offre et de demande auto-régulée.
Ce modèle permet une liberté totale, mais présente une extrême instabilité, car il repose sur une autogestion absolue et ne garantit aucune protection sociale.
2.6) L’Empire des Suds : hybridation et capitalisme contributif
L’Empire des Suds réunit les puissances émergentes qui tentent de tracer leur propre voie, sans s’aligner sur les grands blocs dominants. Il repose sur un modèle hybride, combinant tradition et innovation, où l’économie locale et les nouvelles technologies coexistent.
Cet empire met en avant des modèles d’entrepreneuriat social et de travail contributif, cherchant à maximiser l’inclusion et l’autonomie des populations locales.
S’il parvient à se structurer efficacement, il pourrait devenir un pivot stratégique entre les différents blocs.
3) Quels modèles pour l’économie quaternaire dans ces empires ?
L’économie quaternaire représente un changement profond dans la manière dont le travail est perçu et valorisé. Contrairement aux trois premières grandes phases économiques — l’agriculture (primaire), l’industrie (secondaire) et les services (tertiaire) –, le quaternaire ne repose plus uniquement sur la production matérielle ou les échanges commerciaux. Il est fondé sur la connaissance, l’intelligence collective, la contribution sociétale et le développement des compétences humaines.
André Gorz, dans Métamorphoses du travail, avait déjà anticipé une sortie progressive du modèle productiviste, au profit de formes contributives et cognitives du travail. L’économie quaternaire en Europe pourrait s’inscrire dans cette trajectoire en reconnaissant la valeur des compétences immatérielles, au-delà des logiques traditionnelles de salariat. Ce modèle de travail repose sur quatre piliers fondamentaux :
- La cognition et la transmission : le savoir devient une ressource essentielle, avec un accent mis sur l’éducation, la recherche, le conseil, et le partage de la connaissance.
- L’innovation et la créativité : le design, l’ingénierie avancée, la R&D, mais aussi l’art et la culture deviennent des moteurs économiques clés.
- La contribution sociétale et environnementale : le travail ne se définit plus uniquement par sa valeur marchande, mais aussi par son impact social et écologique, favorisant des modèles de revenu contributif.
- L’autonomisation et l’adaptabilité : les travailleurs de l’économie quaternaire évoluent dans des écosystèmes flexibles, où l’apprentissage permanent et la multidisciplinarité deviennent cruciaux.
Ce secteur inclut des métiers et activités tels que les métiers de la connaissance (chercheurs, analystes, formateurs), de l’innovation appliquée (designers industriels, bioingénieurs), de l’accompagnement et de la médiation (coachs, médiateurs culturels), de l’engagement et l’impact sociétal (mécénat de compétences, transition écologique, nouvelles formes de travail contributif — associatif, bénévolat).
L’Europe, un terreau pour l’économie quaternaire ?
Parmi les six empires systémiques en formation, l’Empire euro-technocratique est sans doute celui où l’économie quaternaire peut prospérer le plus naturellement. L’Europe a déjà posé les bases d’un modèle hybride combinant innovation, régulation et protection sociale, qui pourrait évoluer vers une structuration plus avancée de l’économie quaternaire.
Dans ce modèle, le travail ne se définit plus uniquement par une transaction salariale ou marchande, mais aussi par son apport à la société. L’idée du revenu contributif s’inscrit dans cette logique : au lieu de rémunérer uniquement des tâches productives classiques, les systèmes économiques pourraient valoriser la transmission des compétences, l’innovation ouverte, le mécénat de compétences, l’engagement écologique et social.
Comme le souligne Mariana Mazzucato dans The Entrepreneurial State, l’Europe a historiquement démontré sa capacité à structurer l’innovation par des investissements publics et une gouvernance équilibrée. Appliqué à l’économie quaternaire, ce modèle pourrait permettre l’émergence d’un cadre normatif garantissant une reconnaissance économique des contributions sociétales, à l’opposé du modèle ultra-libéral des plateformes américaines.
L’Europe a également un atout majeur dans son infrastructure éducative et institutionnelle, qui permettrait d’encadrer le passage à un modèle quaternaire. L’émergence de badges de compétences certifiés par blockchain, de systèmes de reconnaissance de l’expérience sociale et cognitive, ainsi que d’une gouvernance participative du travail, pourrait permettre aux citoyens de structurer leur propre parcours contributif.
Toutefois, ce modèle présente également des défis. La principale limite du modèle européen est son inertie et sa difficulté à opérer des transformations radicales. L’économie quaternaire suppose une redéfinition profonde des institutions, de la fiscalité et des modes de rémunération, qui pourraient se heurter à des résistances politiques et économiques.
De plus, l’Europe doit trouver un équilibre entre régulation et innovation : une sur-réglementation pourrait freiner l’émergence des nouvelles formes de travail, tandis qu’une absence de cadre risquerait de voir l’économie quaternaire détournée par des logiques purement marchandes, comme aux États-Unis.
Si l’Europe parvient à structurer un cadre normatif souple, ouvert aux initiatives quaternaires tout en garantissant une protection sociale et un accès équitable aux ressources, elle pourrait devenir un modèle de référence pour un monde du travail post-industriel.
Et ailleurs ? Une adaptation contrainte par des modèles divergents
Si l’Europe semble le terrain le plus propice à l’économie quaternaire, les autres blocs systémiques présentent des visions très différentes du travail et de la valeur contributive.
Dans l’Empire sino-techno-mercantiliste, l’économie quaternaire existera, mais sous un contrôle strict de l’État. Pékin pourrait institutionnaliser certaines dimensions du travail contributif, mais uniquement si elles servent des objectifs nationaux stratégiques. L’innovation cognitive, la recherche et la transmission des savoirs seraient ainsi encadrées et intégrées dans un système de crédit social professionnel, où toute activité cognitive ou créative serait pilotée par l’IA d’État. Toute forme de contribution non alignée avec les intérêts du Parti serait marginalisée ou interdite.
Dans l’Empire américano-corporatiste, l’économie quaternaire ne disparaîtrait pas, mais elle serait ultra-marchandisée. Les métiers de la connaissance et de la transmission existeraient, mais via des plateformes privées, où les travailleurs devraient monétiser en permanence leurs compétences sur un marché concurrentiel. L’engagement sociétal pourrait être valorisé, mais uniquement s’il trouve un modèle économique rentable. La logique du mécénat de compétences ou du revenu contributif serait remplacée par des mécanismes de financement participatif, de rewards et de gamification de l’impact social.
Dans l’Empire russo-autoritaire, l’économie quaternaire n’aurait aucun espace d’existence en dehors de réseaux clandestins. Le régime privilégierait une économie militarisée, orientée vers la production stratégique et la cybersécurité. Les métiers cognitifs y existeraient, mais dans une logique d’exploitation par l’appareil d’État, où la connaissance est une ressource de guerre plutôt qu’un levier d’émancipation.
Dans l’Empire des réseaux décentralisés, l’économie quaternaire pourrait se développer de manière radicale et libre, mais sans cadre de protection. L’autonomisation des travailleurs serait maximale, chaque individu pouvant monétiser son expertise via des DAO et des smart contracts. Toutefois, l’absence d’institutions garantirait une extrême précarité, où seuls les travailleurs ayant les meilleures stratégies d’autopromotion pourraient s’en sortir.
Dans l’Empire des Suds, l’économie quaternaire pourrait émerger sous une forme locale et adaptée aux spécificités culturelles et économiques. Certains pays pourraient expérimenter des systèmes de reconnaissance contributive, valorisant les savoirs traditionnels, l’engagement communautaire et la transmission intergénérationnelle. Toutefois, ce modèle serait confronté à des défis de structuration et de financement, le rendant plus fragile face à la pression des autres blocs dominants.
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[Article créé le 26 février 2025, par Jérémy Lamri avec le soutien des modèles Claude 3.5 Sonnet, Perplexity, GPT4o et o3-mini pour la structuration et l’enrichissement, et GPT4o et Napkin pour l’illustration. L’écriture est principalement la mienne, tout comme la plupart des idées de cet article].
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