NOWHERE : le festival qui apprend la vie à l’innovation RH et managériale

11 min readJul 13, 2023

[Article rédigé le 13 juillet 2023 par Jeremy Lamri avec le support de l’algorithme Open AI GPT-4 pour environ 10%].

Créé par Jeremy Lamri avec Adobe Firefly (2023, Tous droits réservés).

Le festival Nowhere est une célébration d’art, musique, performance et communauté inspirée par le célèbre festival Burning Man. Avec des règles strictes, une organisation aussi collaborative que minutieuse, et des conditions de vie inhabituellement difficiles, quels apprentissages peut-on tirer de ce festival en innovation RH et managériale, pour une transformation consciente et responsable des organisations ?

A propos de Nowhere

Nowhere est un festival d’une semaine entièrement organisé et réalisé par des volontaires, et qui met l’accent sur les principes de participation active, d’expression de soi et de communauté radicale. Le festival n’a pas de programme fixe, avec les participants contribuant à la création des diverses œuvres d’art, performances et ateliers. Le festival fait aussi la promotion d’une éthique de respect pour l’environnement et de laisser aucune trace. Contrairement à Burning Man qui existe aux Etats-Unis depuis les années 1980, Nowhere se déroule chaque année depuis 2004 dans le désert des Monegros en Aragon, en Espagne. Il correspond clairement au Burning Man européen, et c’est le plus grand de la sorte en Europe.

Les conditions sont difficiles, puisque tout se passe dans le désert sans infrastructure fixe pour les 5 000 participants. Il y a quelques points d’eau pour prendre une douche d’appoint, mais au grand air et à partager avec tous. Il y a des toilettes mobiles, mais avec le confort et les odeurs qui leur sont propres. Chacun est responsable de son couchage, de son eau potable et de sa nourriture. Certains dorment ainsi dans des petites tentes, d’autres dans des vans ou des camping-cars, et d’autres créent des structures démontables, comme de grandes tentes collectives ou pergolas, pour la durée du festival. Il peut y avoir un accès limité à l’électricité grâce à des groupes électrogènes partagés, mais cela nécessite une organisation préalable et d’apporter son propre matériel de câblage.

On peut aisément dire que Nowhere est volontairement pensé pour proposer des conditions de vie difficiles, qui visent à forcer une forme de solidarité entre les festivaliers, ou tout au moins qui oblige à créer des communautés pour mieux vivre l’événement. Les liens ainsi créés sont forts et semblent durer dans le temps. Beaucoup de festivaliers reviennent chaque année, et se retrouvent régulièrement pendant l’année hors du festival. Chaque participant peut proposer des ateliers et expériences artistiques de toutes sortes, visant à explorer les limites de la conscience et des codes sociaux souvent pris pour acquis.

C’est une expérience déstabilisante, parfois malaisante, et certainement difficile à vivre à cause de la chaleur du désert et du confort minimal. Mais sachant que tout est pensé pour qu’en fin de festival, le terrain soit restitué sans aucun déchet, c’est impressionnant, surtout avec 5 000 personnes présentes. Pour que tout cela soit possible, 10 règles se sont constituées au fil du temps, et qui doivent être formellement acceptées par chaque participant à l’entrée du festival. Parce que oui, il y a un onboarding très strict qui doit être suivi par chacun des 5 000 participants !

Les 10 principes de Nowhere

Au moment de notre arrivée, un comité d’accueil a vérifié nos identités, et nous a remis nos bracelets de festivaliers, nous permettant de circuler librement pendant notre séjour sur place. Puis nous avons été invités à participer à un onboarding obligatoire, au cours duquel un animateur nous a présenté les 10 règles strictes de Nowhere, tirées du guide Nowhere :

1 — Expression de soi

Soyez la personne que vous êtes. Soyez la personne que vous souhaitez être. Nous vous respectons et vous apprécions, et attendons la même chose de vous envers les autres. Nowhere est une occasion de vivre pleinement la vie, d’une manière qui pourrait être inappropriée dans le ‘monde par défaut’. Cependant, gardez à l’esprit vos camarades participants lorsque vous choisissez de vous exprimer librement, mais avec respect. Et n’oubliez pas : ils ont aussi des droits !

2 — Autonomie

De la nourriture et de l’eau à un câlin ou un espace tranquille, vous devez prendre soin de vous-même dans l’environnement dur de Nowhere. Donnez-vous ce dont vous avez besoin — et demandez l’aide des autres quand vous en avez besoin.

3 — Aucune trace

Tout ce que vous apportez dans le désert a le potentiel de devenir du “MOOP” (Matière Hors de Place). Chaque personne est responsable de ses propres déchets. Nous prenons soin de l’environnement et nous prenons soin de notre foyer. Nous nettoyons après nous, nous ne laissons rien derrière nous, ce qui signifie que nous ne laissons aucune trace ni aucune indication que nous étions là.

4 — Coopération

La coopération est au cœur de Nowhere, depuis notre façon de travailler ensemble jusqu’à notre manière de communiquer. Si nous pouvons nous faciliter la vie mutuellement, nous le ferons. Si nous pouvons rendre la vie meilleure les uns pour les autres, nous le ferons. Ensemble, nous sommes plus forts.

5 — Participation

Plus vous faites, plus vous recevez en retour. Lorsque vous vous joignez à d’autres dans le jeu et le travail, vous devenez une partie de Nowhere. Votre contribution est plus précieuse que vous ne le réalisez.

6 — Communauté

Un groupe diversifié d’êtres autonomes, nous sommes unis par notre besoin de faire partie de quelque chose de plus grand que nous. Communauté, autres, soi — unis par la tolérance et la joie.

7 — Inclusion

Nous sommes reconnaissants envers chacun pour sa contribution unique à notre communauté. Incluez les autres comme vous souhaiteriez être inclus, avec respect, considération et bienveillance. N’oubliez pas, il faut plus que de la tolérance pour qu’il y ait une intégration efficace.

8 — Conscience

Sois ici maintenant, sois nulle part. Fais de cet instant une priorité. Tout cela disparaîtra bientôt, alors profite bien de l’instant présent. Expérimente, participe, sois. C’est tout ce qu’il y a, alors savoure-le !

9 — Gratuité

En supprimant le commerce de notre communauté, nous créons la coopération et la participation. Nous planifions à l’avance et travaillons ensemble. Nous vivons sans argent pour nous rappeler ce qui est vraiment important. ‘Pas de commerce’ signifie qu’il n’y aura pas de circulation d’argent à Nowhere, et, à l’exception de la glace, rien à acheter ou à vendre !

10 — Générosité

Nous donnons pour aider les autres et parce que cela nous fait nous sentir bien. Que ce soit en partageant une bière fraîche, en déterrant un poteau de tente ou en offrant un petit badge, nos cadeaux viennent de notre cœur.

Une fois les règles acceptées formellement par chacun d’entre nous, l’animateur nous a demandé d’écrire sur un papier ce que nous souhaitons laisser derrière nous avec ce festival. Pour ma part, c’était sans surprise l’impatience, un sujet sur lequel je travaille depuis très longtemps ! Le fait d’écrire ce mot sur un papier, et de le jeter ensuite dans une corbeille, a eu un réel effet d’ancrage, puisque plusieurs fois pendant le festival j’y ai repensé, me poussant à faire des efforts de patience pour tout et rien. Je ne saurais pas dire si j’ai progressé, mais j’ai eu au moins le sentiment d’adresser le sujet consciemment et inconsciemment.

Avec ses principes, ses 20 ans d’expérience et sa grande communauté , Nowhere est une source inépuisable d’apprentissages clés pour l’innovation RH et managériale.

7 apprentissages pour la transformation des organisations

Parce qu’on a nos petites déformations professionnelles, nous n’avons pas pu nous empêcher de décortiquer Nowhere dans tous les sens, afin de pouvoir en tirer des leçons applicables à l’innovation RH et managériale. Alors sans plus de suspense, voici nos 7 apprentissages du festival Nowhere, qui peuvent être transposables au contexte de la transformation des organisations :

1 — Collaboration et participation

Au festival Nowhere, tout le monde est encouragé à participer activement et à contribuer au mieux de ses capacités. De la même manière, dans une organisation, encourager la collaboration et la citoyenneté active peut conduire à un environnement de travail positif et productif.

2 — Créativité et innovation

Le festival est un creuset de nouvelles idées, de performances et d’œuvres d’art avant-gardistes, encourageant la prise de risque créative. Dans le cadre de la transformation des organisations, l’encouragement à la créativité peut conduire à des solutions novatrices.

3 — Responsabilité environnementale

La philosophie de “laisser aucune trace” rappelle l’importance de l’écologie et de la durabilité. De manière similaire, les entreprises peuvent adopter une gestion plus respectueuse de l’environnement.

4 — Autogestion

Le festival est géré par des volontaires, montrant qu’une organisation peut fonctionner sans une hiérarchie traditionnelle. Cela peut inspirer les organisations à explorer des modèles de gestion alternatifs, par exemple des structures de gestion horizontales ou décentralisées.

5 — Communauté radicale

Nowhere prône une communauté inclusive où chacun se sent valorisé et respecté. C’est quelque chose que toutes les organisations devraient aspirer à créer — un lieu de travail où les employés se sentent valorisés et respectés peut conduire à des niveaux plus élevés de satisfaction et de productivité au travail.

6 — Résilience

Le fait de surmonter les défis, qu’il s’agisse du climat désertique ou de la gestion d’un événement de grande envergure, peut aider à developper la résilience. Cette qualité peut être très utile pour les organisations confrontées à la transformation et au changement.

7 — Diversité et inclusion

Le festival Nowhere est réputé pour sa diversité et son inclusivité, ce qui apporte une richesse d’expériences et de perspectives. Les entreprises peuvent tirer de grands avantages de la diversité dans leur main-d’œuvre, car cela peut améliorer la résolution de problèmes, la créativité et le climat social.

Bien évidemment, on ne peut pas résumer la richesse et la profondeur de Nowhere à ces 7 leçons, et je pense sincèrement qu’une encyclopédie de l’intelligence collective pourrait émerger des apports de ce festival, mais disons qu’il faut bien commencer quelque part, et qu’en appliquant déjà ces 7 principes, on se trouverait dans un monde bien différent !

Le besoin d’un cadre pour chaque communauté

Les règles de Nowhere sont claires et extrêmement utiles pour créer un cadre général de sécurité. Mais nous avons vite compris qu’elles étaient trop larges et insuffisantes pour assurer le sentiment de sécurité dans le temps au sein de notre propre petite communauté. En effet, passer tout son temps avec un groupe de personnes dans un contexte aussi exigeant, peut rapidement taper sur le système, et créer des micro-tensions qui ne sont pas vécues de la même manière par chacun.

Typiquement, dans un groupe, chacun a son propre centre de gravité et d’attention : certains vont venir pour vivre des expériences, d’autres pour le plaisir de les vivre en groupe, et d’autres sans vraiment savoir pourquoi, avec une certaine appréhension de l’incertitude. Tout cela ne pose pas de problème, mais encore faut-il avoir exprimé au collectif ses attentes, ses besoins et ses appréhensions avant d’être dans “la machine à laver” qu’est l’intensité de Nowhere.

Aussi, pour que l’expérience Nowhere soit bien vécue par chacun, et qu’elle soit un facteur de renforcement des liens collectifs, autant qu’une opportunité unique de développement personnel, il est nécessaire de poser un cadre exigeant et clair avant de se lancer dans le festival. Rien de compliqué, il s’agit seulement d’avoir une discussion en pleine conscience et en sécurité en amont, lors de laquelle chacun va exprimer :

Ses attentes : Les attentes font référence aux résultats souhaités ou espérés par chaque membre de la communauté lors du festival. Ces attentes peuvent concerner le déroulement des événements, l’interactivité, le respect des normes définies par la communauté, l’engagement des autres membres, etc. Il est crucial de comprendre et d’énoncer clairement ces attentes pour créer un environnement harmonieux et éviter les déceptions ou les malentendus.
Ses besoins : Les besoins peuvent être physiques, émotionnels, sociaux ou autres. Ils sont essentiels pour le bien-être individuel. Par exemple, les besoins physiques pourraient comprendre l’accès à l’eau potable, à la nourriture, à un logement sûr et à des services sanitaires. Les besoins émotionnels peuvent inclure le besoin de se sentir en sécurité, respecté, entendu ou aimé. Les besoins sociaux peuvent englober le besoin de communiquer, de se connecter avec d’autres, d’apprendre et de partager des connaissances et des expériences.
Ses peurs : Chaque individu peut avoir ses propres peurs ou inquiétudes relatives au festival. Elles peuvent concerner sa sécurité, être liées à des problèmes de santé, à la crainte de se sentir isolé, ou encore à l’angoisse d’être jugé ou maltraité. Envisager ces peurs et s’efforcer de les apaiser est un aspect clé de la création d’un environnement sûr et accueillant pour tous les participants, afin de ne pas limiter notre ouverture et notre expérience pendant le weekend.
Ses limites : Les limites correspondent aux frontières personnelles que chaque individu place en matière de comportement physique, émotionnel et mental. Elles peuvent concerner la distance physique que chaque personne est à l’aise de maintenir avec les autres, le niveau de bruit qu’elle peut tolérer, les sujets de conversation avec lesquels elle est à l’aise, etc. Les limites sont particulièrement importantes pour préserver le respect mutuel et maintenir un sentiment de confort et de sécurité. Toutefois, elles peuvent varier d’un individu à l’autre et doivent être clairement communiquées et acceptées par la communauté.

Les règles qui ressortent de cette discussion sont spécifiques à la composition du groupe et au contexte, et il n’est pas vraiment possible de les standardiser. Il est nécessaire d’avoir cette discussion à chaque nouvelle expérience significative, et se faisant, on apprend à mieux se connaitre soi-même, à mieux vivre en communauté, et progressivement à effectivement former une communauté, qui correspond à un groupe de personnes qui ont appris à vivre ensemble en sécurité, en acceptant et en intégrant les attentes, peurs, besoins et limites des autres dans sa conscience.

Conclusion

Le festival Nowhere, dans son univers délibérément créé pour être hors des sentiers battus et hors des modalités de vie traditionnelles, offre une leçon précieuse pour les cadres RH et managériaux: pour créer des collaborations significatives et libérer le potentiel créatif, il faut promouvoir des valeurs de respect, de participation, de générosité et d’autonomie.

En encourageant des principes d’inclusion et de conscience environnementale tout en offrant une plateforme pour l’expression personnelle, les organisations peuvent créer des environnements de travail bienveillants et productifs. Pourtant, comme c’est le cas avec Nowhere, il est indispensable d’avoir des discussions ouvertes et conscientes pour identifier les attentes, les besoins, les peurs et les limites de chacun. C’est en embrassant la diversité, en favorisant l’inclusion, et en créant des cadres de travail qui encouragent la participation active de chacun que nous pouvons véritablement transformer la vie de nos organisations.

En fin de compte, chaque moment, chaque interaction, chaque collaboration, chaque décision compte. Chaque “ici et maintenant” est une occasion d’apprendre, de créer et de grandir. Alors savourons chaque instant, car c’est notre Nowhere à nous.