DOSSIER — Génération Alpha : qu’est ce qui change ?
Plongez dans l’univers de la génération alpha, ces enfants nés dans un monde hyperconnecté où la technologie règne en maître. Découvrez comment cette génération, avide de sens et d’impact positif, bouscule les codes de l’éducation et du travail. Entre opportunités et défis, comment les écoles et les entreprises peuvent-elles s’adapter pour façonner un avenir plus éthique et durable ? Décryptage d’une révolution sociétale en marche, à l’aube de l’économie quaternaire.
AVANT DE COMMENCER, UN PEU DE BON SENS
(Modification éditée le 29 mai)
Tout d’abord, pour éviter tout malentendu, je rappelle qu’il ne s’agit en aucun cas de voir les générations juste comme des jeunes et des vieux. Cette vision étriquée est source de divisions et de stigmatisation. Une génération, c’est avant tout un groupe de personnes qui ont construit leur identité dans un contexte donné. La construction de l’identité, c’est donc l’enfance et l’adolescence essentiellement. D’un côté, j’affirme qu’avoir 20 ans, ce sera toujours avoir 20 ans, avec des rêves, des certitudes, et des angoisses existentielles. Mais avoir eu 20 ans à l’arrivée du premier téléviseur, ou avoir 20 ans à l’ère de TikTok, ça développe un rapport au monde très différent, et ça ancre une certaine perception et certaines attentes. Les personnalités et différences individuelles sont toujours là, mais colorées par une époque, voire parfois par un lieu (Chine vs France, ça change quelques notions). Ce rappel étant fait, on peut parler de génération sans risquer un procès populaire :)
Génération alpha et Génération Z : quelles différences ?
TLDR — Bien que proche de la génération Z par certains aspects, la génération alpha présente des spécificités liées à son immersion précoce et intense dans un monde numérique en perpétuelle mutation. Ces différences se manifestent tant sur le plan cognitif et social que sur celui des valeurs et des aspirations. Comprendre et accompagner cette nouvelle génération dans son rapport unique au numérique et au monde qui l’entoure sera un défi majeur pour les éducateurs et la société dans son ensemble.
Bien que souvent comparée à la génération Z qui la précède, la génération alpha, née à partir de 2010, présente des caractéristiques distinctes, façonnées par un environnement numérique en constante évolution. Selon McCrindle et Wolfinger (2009), les alphas sont la première génération à grandir entièrement dans un monde hyperconnecté, où les technologies sont omniprésentes dès le plus jeune âge.
Contrairement à la génération Z, qui a connu l’émergence progressive des smartphones et des réseaux sociaux, les alphas sont nés dans un monde où ces technologies sont déjà la norme. Une étude de Globalwebindex (2019) révèle que 70% des enfants alphas de 4 à 15 ans utilisent un smartphone, contre seulement 52% pour la génération Z au même âge. Cette immersion précoce dans le numérique leur confère une aisance innée avec les outils technologiques, qu’ils manipulent de manière intuitive et naturelle.
Sur le plan cognitif, les alphas semblent développer des compétences différentes de celles de la génération Z. Selon Greenfield (2009), l’usage intensif des écrans dès le plus jeune âge favorise le développement de l’intelligence visio-spatiale et de la capacité à traiter plusieurs informations simultanément. Cependant, Carr (2011) souligne que cela peut aussi entraîner des difficultés de concentration et une baisse de la mémoire à long terme, des défis que la génération Z n’a pas connus avec la même intensité.
En termes de socialisation, les alphas se distinguent par leur rapport aux réseaux sociaux. Alors que la génération Z a grandi avec l’essor de plateformes comme Facebook et Instagram, les alphas sont exposés dès leur plus jeune âge à une multitude de réseaux sociaux, comme TikTok ou Snapchat, qui façonnent leur manière de communiquer et de construire leur identité (Boyd, 2014). Cette hyperconnexion précoce peut être source de stress et de comparaison sociale, avec des conséquences sur leur bien-être mental que la génération Z a connues à un âge un peu plus tardif de la construction identitaire (O’Keeffe & Clarke-Pearson, 2011).
Sur le plan éducatif, les alphas apprennent et s’informent principalement via des supports numériques, une tendance qui s’est accélérée par rapport à la génération Z. Selon Barnes & Noble College (2020), 82% des étudiants de la génération Z préfèrent les supports numériques aux manuels imprimés, un chiffre qui devrait être encore plus élevé pour les alphas. Cette appétence pour le numérique ouvre de nouvelles perspectives pédagogiques, mais pose aussi la question de la qualité des contenus éducatifs en ligne et de l’équité d’accès, des enjeux qui se posent avec une acuité nouvelle pour cette génération (Hirsh-Pasek et al., 2020).
Enfin, sur le plan des valeurs, les alphas semblent se distinguer par une conscience sociale et environnementale plus marquée que la génération Z. Selon Wunderman Thompson Intelligence (2021), 85% des jeunes alphas de 6 à 16 ans estiment qu’il est important pour une marque d’avoir un impact positif sur la société, contre 80% pour la génération Z. Cette quête de sens et cette volonté d’impact positif, couplées à leur aisance numérique, pourraient faire des alphas des acteurs clés de la transition vers une société plus durable et équitable.
1) Transmission de l’information : un rapport intuitif et naturel pour la génération alpha
TLDR — La génération alpha a un rapport unique à l’information, forgé par les technologies numériques qui ont baigné leur enfance. Leur aisance naturelle avec les outils digitaux est une force qui leur permet de s’adapter à un monde en constante évolution. Mais elle comporte aussi des risques, liés à l’infobésité, à la désinformation et à la surveillance numérique. Pour les aider à s’épanouir dans ce nouveau monde, il est essentiel de leur donner les clés pour devenir des citoyens numériques éclairés et responsables. C’est un défi majeur pour les éducateurs, les parents et la société dans son ensemble, afin de construire un avenir où la technologie sera au service de l’humain et du bien commun.
La transmission de l’information joue un rôle crucial dans l’évolution des sociétés. Comme le souligne Jared Diamond dans son ouvrage “Guns, Germs, and Steel” (1999), la capacité à transmettre efficacement les connaissances et les innovations a été un facteur déterminant dans le développement des civilisations. L’invention de l’écriture, puis de l’imprimerie, a permis de diffuser les savoirs à une échelle toujours plus grande, jetant les bases de la révolution scientifique et industrielle.
Aujourd’hui, nous vivons une nouvelle révolution avec l’avènement d’Internet et des technologies numériques. Comme l’analyse Manuel Castells dans “The Rise of the Network Society” (2010), cette révolution a profondément transformé notre rapport à l’information. D’un modèle vertical et centralisé, où l’accès au savoir était contrôlé par des gatekeepers (enseignants, journalistes, experts), nous sommes passés à un modèle horizontal et décentralisé, où chacun peut accéder à une quantité illimitée d’informations en quelques clics. Cette abondance informationnelle a bouleversé notre manière d’apprendre, de travailler et de communiquer, rendant les savoirs plus accessibles mais aussi plus fragmentés et volatiles.
C’est dans ce monde hyperconnecté qu’est née la génération alpha, qui regroupe les enfants nés après 2010. Comme le montrent Mark McCrindle et Emily Wolfinger dans “The ABC of XYZ: Understanding the Global Generations” (2009), cette génération se distingue par son rapport intuitif et naturel aux outils numériques. Ayant grandi avec des smartphones et des tablettes, les alphas sont des “digital natives” qui manipulent les écrans tactiles avant même de savoir parler. Pour eux, l’accès à l’information est instantané et illimité : via les moteurs de recherche, les assistants vocaux ou les réseaux sociaux, ils peuvent trouver une réponse à n’importe quelle question en quelques secondes.
Cette aisance technologique leur confère une capacité unique à naviguer dans l’abondance informationnelle. Habitués à zapper d’un contenu à l’autre, ils sont capables de traiter plusieurs flux d’informations en parallèle et de passer rapidement d’un sujet à l’autre. Leur attention est plus fragmentée mais aussi plus agile, leur permettant de s’adapter à un environnement médiatique en constant changement. Ils ont développé une forme d’intelligence “liquide”, fluide et adaptative, qui leur permet d’apprendre en continu tout au long de la vie.
Cependant, cette surabondance informationnelle comporte aussi des risques. Confrontés à une masse de données non hiérarchisées, les alphas peuvent avoir du mal à distinguer l’essentiel de l’accessoire, le vrai du faux. Ils sont exposés dès leur plus jeune âge aux fake news, aux théories du complot et aux bulles de filtre qui enferment chacun dans ses propres croyances. Dans un monde où l’information est une matière première abondante, le défi n’est plus d’y accéder mais de savoir l’évaluer, la trier et lui donner du sens.
Pour la génération alpha, l’enjeu est donc d’apprendre à naviguer de manière critique et responsable dans cet océan informationnel. Il s’agit de développer une “info-éthique” qui leur permette de s’orienter dans un environnement médiatique complexe et mouvant. Les éducateurs ont un rôle crucial à jouer pour les aider à acquérir ces compétences, en leur apprenant à croiser les sources, à vérifier les faits et à exercer leur esprit critique. Il s’agit de les guider pour qu’ils deviennent des “info-citoyens” éclairés, capables de s’informer de manière autonome et responsable.
Au-delà de ces compétences informationnelles, il est aussi important de sensibiliser les alphas aux enjeux éthiques et sociétaux liés à la révolution numérique. Comme le souligne Shoshana Zuboff dans “The Age of Surveillance Capitalism” (2019), les données personnelles sont devenues le carburant d’un nouveau capitalisme qui menace notre vie privée et notre libre arbitre. Face à ces défis, il est crucial d’éduquer les nouvelles générations aux enjeux de la protection des données, de la souveraineté numérique et de l’éthique artificielle.
2) Connexion entre les individus : une socialisation virtuelle omniprésente
TLDR — La socialisation virtuelle est une réalité incontournable pour la génération alpha, qui façonne leur manière de se connecter aux autres et de construire leur identité. Si elle offre de nouvelles opportunités d’expression et d’interaction, elle comporte aussi des risques qu’il est important de prendre en compte. L’enjeu est d’accompagner les jeunes dans leur citoyenneté numérique, en leur donnant les clés pour naviguer de manière responsable et critique dans ces environnements connectés. Mais c’est aussi un défi collectif, qui implique de repenser la régulation et la gouvernance des plateformes numériques, afin de les mettre au service du lien social et du bien commun. Car au-delà des écrans, c’est notre capacité à faire société qui est en jeu, et avec elle, l’avenir de notre démocratie à l’ère numérique.
Le besoin de connexion sociale est un moteur fondamental de l’être humain. Comme le soulignent Roy Baumeister et Mark Leary dans leur article “The need to belong: Desire for interpersonal attachments as a fundamental human motivation” (1995), les relations interpersonnelles sont essentielles à notre bien-être psychologique et à notre survie en tant qu’espèce. Nous avons une motivation profonde à créer et maintenir des liens sociaux stables et positifs avec nos semblables.
À l’ère numérique, ce besoin de connexion trouve un nouveau terrain d’expression avec les plateformes en ligne. Comme l’analyse Shoshana Zuboff dans son ouvrage “The Age of Surveillance Capitalism” (2019), des entreprises comme Google et Facebook ont su tirer parti de ce besoin humain fondamental en créant des services qui permettent de maintenir le contact avec ses proches, de partager des moments de vie et d’interagir avec une communauté élargie. En offrant ces espaces de socialisation virtuelle, ces plateformes ont acquis une place centrale dans nos vies relationnelles, au point de devenir des “infrastructures sociales” incontournables (Van Dijck, 2013).
Pour la génération alpha, née dans un monde hyperconnecté, les réseaux sociaux font partie intégrante de leur univers relationnel. Comme le montrent David Stillman et Jonah Stillman dans “Gen Z @ Work” (2017), cette génération a grandi avec les smartphones et les applications de messagerie instantanée, qui leur permettent de rester en contact permanent avec leurs amis et leur famille. Les interactions en ligne sont pour eux aussi naturelles et importantes que les interactions en face à face, créant une forme de “présence connectée” où la distance physique n’est plus un obstacle à la socialisation (Licoppe, 2004).
Cette socialisation virtuelle prend des formes multiples, des groupes de discussion sur WhatsApp aux stories éphémères sur Snapchat en passant par les défis viraux sur TikTok. Chaque plateforme a ses codes, ses langages et ses rituels, qui façonnent les modes de communication et de représentation de soi des alphas. Comme le souligne danah boyd dans “It’s Complicated: The Social Lives of Networked Teens” (2014), ces espaces en ligne sont des “chambres à soi” où les jeunes peuvent expérimenter leur identité, se raconter et se mettre en scène devant leur public de pairs.
Cependant, cette socialisation virtuelle comporte aussi des risques et des limites. D’une part, elle peut créer une pression à la connexion permanente et à la performance sociale, où chacun se sent obligé d’être toujours disponible et de maintenir une image positive de soi (Turkle, 2011). D’autre part, elle expose les jeunes à de nouvelles formes de violence et de harcèlement en ligne, comme le cyberbullying ou le revenge porn, qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur leur santé mentale et leur réputation (Kowalski et al., 2014).
Par ailleurs, la socialisation en ligne peut aussi créer des phénomènes de “bulle de filtre” et de polarisation, où chacun s’enferme dans des communautés homogènes qui renforcent ses croyances et ses préjugés (Pariser, 2011). Les algorithmes de recommandation des réseaux sociaux, en personnalisant le flux d’information de chaque utilisateur, peuvent créer des “chambres d’écho” où l’on n’est exposé qu’à des opinions similaires aux siennes, réduisant la diversité des points de vue et la tolérance à la différence (Sunstein, 2017).
Face à ces enjeux, il est crucial d’accompagner les alphas dans leur socialisation numérique, en les sensibilisant aux opportunités mais aussi aux risques des interactions en ligne. Comme le préconise le rapport “Growing up Digital” (2017) de la Children’s Commissioner for England, il s’agit de développer leur “résilience numérique”, c’est-à-dire leur capacité à naviguer de manière sûre et responsable dans les environnements connectés. Cela passe par l’éducation aux médias et à l’information, mais aussi par le développement de compétences socio-émotionnelles comme l’empathie, la bienveillance et la résolution pacifique des conflits.
Il est également important de préserver des espaces de socialisation “hors ligne”, où les jeunes peuvent interagir de manière directe et incarnée, sans la médiation des écrans. Comme le défend la psychologue Sherry Turkle dans “Reclaiming Conversation” (2015), les interactions en face à face restent essentielles au développement de nos compétences relationnelles et de notre intelligence émotionnelle. Elles nous apprennent à écouter, à négocier, à gérer les silences et les malentendus, autant de savoir-être indispensables à la vie en société.
Enfin, il est crucial de repenser la régulation des plateformes numériques, afin de les responsabiliser dans la protection des utilisateurs et la promotion du bien commun. Comme le propose la juriste Lina Khan dans “Amazon’s Antitrust Paradox” (2017), il s’agit de dépasser le cadre antitrust traditionnel pour prendre en compte les effets systémiques de ces acteurs sur nos sociétés, qu’il s’agisse de leur impact sur la vie privée, la désinformation ou la polarisation politique. Cela implique d’inventer de nouveaux outils de régulation, mais aussi d’imaginer des modèles alternatifs de réseaux sociaux, plus éthiques et décentralisés, comme le propose le mouvement “HumaneTech” (Harris, 2019).
3) Suppression des tâches parasites : vers une automatisation croissante
TLDR — L’automatisation croissante des tâches est une réalité incontournable pour la génération alpha, qui grandit dans un monde où les machines sont omniprésentes et de plus en plus autonomes. Si elle offre de nouvelles opportunités de confort et d’efficacité, elle comporte aussi des risques de perte d’autonomie, de déqualification et d’inégalités. L’enjeu est d’accompagner les jeunes dans leur collaboration avec les machines, en développant leurs compétences humaines uniques et leur esprit critique. Mais c’est aussi un défi collectif, qui implique de repenser nos politiques publiques et nos modèles économiques, afin de garantir une répartition équitable des bénéfices de l’automatisation. Car au-delà des algorithmes, c’est notre capacité à préserver notre autonomie et notre créativité qui est en jeu, et avec elle, notre aptitude à rester des sujets libres et épanouis à l’ère des machines.
Les avancées technologiques transforment profondément notre rapport au travail et aux tâches du quotidien. Comme l’analyse George Ritzer dans son ouvrage “The McDonaldization of Society” (2013), nous vivons dans une société où la recherche d’efficacité, de prévisibilité et de contrôle conduit à une standardisation et une automatisation croissantes des activités humaines. Des caisses automatiques aux chatbots en passant par les algorithmes de recommandation, de plus en plus de tâches sont déléguées à des machines, qui peuvent les réaliser de manière plus rapide, plus fiable et moins coûteuse que les humains.
Cette automatisation s’accélère avec les progrès de l’intelligence artificielle et de la robotique. Comme le montrent Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee dans “The Second Machine Age” (2014), nous entrons dans une nouvelle ère où les machines sont capables d’apprendre, de s’adapter et de réaliser des tâches cognitives complexes, auparavant réservées aux humains. Des voitures autonomes aux assistants virtuels en passant par les algorithmes de diagnostic médical, l’IA est en train de transformer de nombreux secteurs d’activité, en remplaçant ou en augmentant le travail humain.
Pour la génération alpha, née dans ce monde de plus en plus automatisé, la délégation des tâches aux machines est une réalité banale et naturelle. Comme le soulignent Kathy Hirsh-Pasek et ses collègues dans “Putting Education in “Educational” Apps: Lessons From the Science of Learning” (2020), cette génération a grandi avec les assistants virtuels comme Siri ou Alexa, qui peuvent répondre à leurs questions, leur raconter des histoires ou contrôler leur environnement domestique. Ils sont habitués à interagir avec des agents conversationnels, à recevoir des recommandations personnalisées et à obtenir des résultats instantanés à leurs requêtes.
Cette familiarité avec l’automatisation façonne leurs attentes et leurs comportements. Comme le montrent Adele Goldberg et Brianna Piccolini dans “The Tech-Savvy Generation: Millennials and Gen Z in the Workplace” (2021), les alphas s’attendent à ce que les tâches répétitives et fastidieuses soient prises en charge par des machines, afin de pouvoir se concentrer sur des activités plus créatives et épanouissantes. Ils sont à la recherche d’expériences fluides et personnalisées, où la technologie s’adapte à leurs besoins et à leurs préférences individuelles.
Cependant, cette automatisation croissante soulève aussi des questions et des défis. D’une part, elle peut conduire à une perte d’autonomie et de contrôle, où les individus deviennent dépendants des machines pour réaliser des tâches de plus en plus nombreuses (Carr, 2014). D’autre part, elle peut entraîner une déqualification et une perte de savoir-faire, où les compétences humaines sont progressivement remplacées par des algorithmes (Frey & Osborne, 2017).
Par ailleurs, l’automatisation peut aussi avoir des effets négatifs sur l’emploi et les inégalités. Comme le montre le rapport “The Future of Jobs” (2020) du World Economic Forum, l’IA et la robotique pourraient conduire à la suppression de millions d’emplois dans les prochaines années, en particulier dans les secteurs peu qualifiés et routiniers. Sans politiques de formation et de redistribution adaptées, cette disruption technologique pourrait exacerber les écarts de revenus et de perspectives entre les gagnants et les perdants de l’automatisation (Ford, 2015).
Face à ces enjeux, il est crucial d’accompagner la génération alpha dans sa relation à l’automatisation, en développant sa capacité à tirer parti des opportunités offertes par l’IA tout en cultivant son esprit critique et son autonomie. Comme le préconise le rapport “The Future of Education and Skills 2030” (2018) de l’OCDE, il s’agit de former les jeunes à collaborer avec les machines plutôt que d’être remplacés par elles, en développant des compétences complémentaires comme la créativité, l’empathie ou la résolution de problèmes complexes.
Il est également important de repenser les politiques publiques et les modèles économiques à l’ère de l’automatisation. Comme le propose l’économiste Richard B. Freeman dans “Who Owns the Robots Rules the World” (2015), il s’agit d’inventer de nouveaux mécanismes de redistribution des gains de productivité générés par l’IA, afin que les bénéfices de l’automatisation profitent à tous et non à une minorité de propriétaires des machines. Cela peut passer par des mesures comme le revenu universel, l’actionnariat salarié ou la taxation des robots, qui visent à assurer une répartition plus équitable des richesses à l’ère numérique.
Enfin, il est crucial de préserver des espaces d’autonomie et de création humaine, où les individus peuvent cultiver des savoir-faire manuels, artisanaux ou artistiques. Comme le défend le philosophe Matthew B. Crawford dans “The World Beyond Your Head: On Becoming an Individual in an Age of Distraction” (2015), le travail manuel et le contact direct avec la matière sont essentiels au développement de notre intelligence pratique et de notre sentiment d’accomplissement. Ils nous permettent de nous reconnecter à notre environnement physique et social, dans un monde de plus en plus virtuel et désincarné.
4) Standardisation : un rythme rapide et des interactions fluides
TLDR — La standardisation algorithmique et l’accélération du rythme de vie sont des réalités incontournables pour la génération alpha, qui grandit dans un monde de plus en plus fluide et intuitif sur le plan technologique. Si cette aisance numérique offre de nouvelles opportunités d’apprentissage et de création, elle comporte aussi des risques pour le bien-être, l’autonomie et l’équité sociale. L’enjeu est d’accompagner les jeunes dans un usage réfléchi et responsable des technologies, en cultivant leur esprit critique et leur hygiène numérique. Mais c’est aussi un défi démocratique, qui implique de reprendre le contrôle sur les algorithmes qui gouvernent nos vies, afin de les mettre au service de l’intérêt général. Car au-delà de la vitesse et de la fluidité, c’est notre capacité à préserver notre liberté et notre humanité qui est en jeu, dans un monde de plus en plus régi par les standards de l’intelligence artificielle.
La standardisation est un processus fondamental dans le développement des sociétés humaines. Comme le montre l’historien David Landes dans son ouvrage “Revolution in Time: Clocks and the Making of the Modern World” (1983), l’invention de standards de mesure du temps et de l’espace a joué un rôle clé dans l’essor du commerce, de l’industrie et des États-nations. Des poids et mesures unifiés aux fuseaux horaires en passant par les normes de qualité, la standardisation a permis de coordonner les activités humaines à grande échelle, en réduisant les incertitudes et les coûts de transaction.
Aujourd’hui, à l’ère numérique, ce sont les algorithmes qui sont devenus les nouveaux standards de notre société. Comme l’analyse Frank Pasquale dans son ouvrage “The Black Box Society: The Secret Algorithms That Control Money and Information” (2015), ces suites d’instructions informatiques régissent de plus en plus nos interactions en ligne, qu’il s’agisse de nos recherches sur Google, de nos achats sur Amazon ou de nos échanges sur Facebook. Opaques et complexes, ces algorithmes traitent d’immenses quantités de données pour prendre des décisions automatisées qui influencent nos choix, nos opinions et nos comportements.
Cette standardisation algorithmique s’accompagne d’une accélération sans précédent du rythme de vie. Comme le souligne Nicholas Carr dans “The Shallows: What the Internet Is Doing to Our Brains” (2011), la transmission instantanée de l’information permise par les technologies numériques réduit les temps de production et de réflexion, créant un sentiment d’urgence et de pression permanente. Habitués à obtenir des réponses immédiates à leurs requêtes, les individus ont de plus en plus de mal à se concentrer sur des tâches longues et complexes, qui nécessitent une attention profonde et soutenue.
Pour la génération alpha, née dans ce monde de l’instantanéité et de l’hyperconnexion, ce rythme effréné est la norme. Comme le montrent les travaux de la psychologue Jean Twenge sur la “iGen” (2017), cette génération a grandi avec le smartphone comme extension d’elle-même, lui permettant d’accéder à tout moment à un flux continu d’informations, de divertissements et de relations sociales. Multitâches et impulsifs, les alphas sont habitués à zapper d’une application à l’autre, d’une conversation à l’autre, dans un mouvement perpétuel qui laisse peu de place à l’ennui ou à l’introspection.
Cette aisance avec les technologies numériques se traduit par des interactions de plus en plus fluides et intuitives avec les machines. Comme le souligne le rapport “Future of the Workforce” (2021) de Dell Technologies, la génération alpha est la première à grandir dans un monde où l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle sont omniprésentes. Des jeux vidéo aux assistants vocaux en passant par les filtres de réalité augmentée, les alphas sont habitués à interagir de manière naturelle et immersive avec des interfaces numériques qui s’adaptent à leurs besoins et à leurs préférences.
Cependant, cette standardisation et cette accélération du rythme de vie ne sont pas sans conséquences. D’une part, elles peuvent conduire à une perte de diversité et de sérendipité, où les individus sont enfermés dans des bulles de filtre qui limitent leur exposition à des idées et des expériences différentes des leurs (Pariser, 2011). D’autre part, elles peuvent générer du stress, de l’anxiété et des troubles de l’attention, en particulier chez les jeunes qui peinent à trouver un équilibre entre vie en ligne et vie hors ligne (Pea et al., 2012).
Par ailleurs, la standardisation algorithmique soulève aussi des questions éthiques et politiques. Comme le montre Cathy O’Neil dans “Weapons of Math Destruction: How Big Data Increases Inequality and Threatens Democracy” (2016), les algorithmes peuvent reproduire et amplifier les biais et les discriminations présents dans les données qu’ils traitent, conduisant à des décisions injustes et opaques qui affectent l’accès à l’emploi, au crédit ou à l’assurance. Sans transparence ni responsabilité, ces “armes de destruction mathématique” menacent les libertés individuelles et l’équité sociale.
Face à ces enjeux, il est crucial d’accompagner la génération alpha dans sa relation aux technologies numériques, en l’aidant à développer une “hygiène numérique” qui préserve son bien-être et son autonomie. Comme le préconise le rapport “Digital Wellbeing Guidelines” (2019) du DQ Institute, il s’agit d’apprendre aux jeunes à gérer leur temps d’écran, à cultiver leur attention et à interagir de manière responsable et empathique en ligne. Cela passe par l’éducation aux médias et à l’information, mais aussi par la promotion d’activités hors ligne qui favorisent la créativité, la contemplation et les relations humaines.
Il est également important de repenser la gouvernance des algorithmes, afin de les rendre plus transparents, équitables et responsables. Comme le propose la juriste Mireille Hildebrandt dans “Smart Technologies and the End(s) of Law” (2015), il s’agit de développer un “droit des algorithmes” qui encadre leur conception, leur utilisation et leur contrôle démocratique. Cela implique de renforcer les obligations de transparence et d’explicabilité des systèmes d’IA, mais aussi de donner aux citoyens les moyens de contester les décisions algorithmiques qui les concernent.
Enfin, il est crucial de préserver des espaces de ralentissement et de déconnexion, où les individus peuvent cultiver une relation plus apaisée et réfléchie au temps et à la technologie. Comme le défend le mouvement “Slow Media” (Rauch, 2018), il s’agit de promouvoir des pratiques médiatiques plus attentives, durables et significatives, qui privilégient la qualité à la quantité, l’approfondissement à la réactivité. Des “journées sans écran” aux “retraites numériques” en passant par la “digital detox”, ces initiatives visent à réintroduire des moments de pause et de recul dans un monde de l’immédiateté et de la surcharge informationnelle.
5) Recherche de sens et de reconnaissance : un travail aligné avec ses valeurs
TLDR — La recherche de sens et de reconnaissance au travail est une aspiration forte de la génération alpha, qui souhaite aligner ses valeurs et son activité professionnelle pour avoir un impact positif sur le monde. Pour attirer et fidéliser ces talents, les entreprises doivent créer des environnements de travail épanouissants, qui valorisent les contributions uniques de chacun et favorisent le développement des compétences transversales. Mais au-delà, c’est aussi notre rapport au travail et à la reconnaissance qui est à réinventer, pour construire une société plus juste et durable, où chacun puisse trouver sa place et s’accomplir pleinement.
Dans notre société post-industrielle, le travail n’est plus seulement un moyen de subsistance, mais aussi une source d’épanouissement et d’identité. Comme le montre Daniel Pink dans son ouvrage “Drive: The Surprising Truth About What Motivates Us” (2011), les individus aspirent de plus en plus à exercer une activité qui a du sens pour eux, qui correspond à leurs valeurs et qui leur permet de développer leur potentiel. Au-delà des récompenses extrinsèques comme le salaire ou le statut, ils recherchent des motivations intrinsèques comme l’autonomie, la maîtrise et la finalité de leur travail.
Cette quête de sens s’inscrit dans une économie de la reconnaissance, où les individus cherchent à être valorisés pour leur contribution unique et singulière. Comme l’analysent Jean-Pierre Brun et Ninon Dugas dans leur article “La reconnaissance au travail : analyse d’un concept riche de sens” (2005), la reconnaissance ne se limite pas à une rétribution financière, mais implique aussi un jugement de beauté (sur la qualité du travail), un jugement d’utilité (sur l’importance de la contribution) et un jugement de gratitude (sur la personne elle-même). En d’autres termes, les individus ont besoin de sentir que leur travail est bien fait, qu’il sert à quelque chose et qu’il est apprécié par les autres.
Pour la génération alpha, cette recherche de sens et de reconnaissance est d’autant plus importante qu’elle a grandi dans un monde en crise, marqué par les défis du changement climatique, des inégalités sociales et de la défiance envers les institutions. Comme le soulignent June Edmunds et Bryan Turner dans leur article “Global generations: social change in the twentieth century” (2005), cette génération est porteuse d’une conscience sociale et environnementale aiguë, qui la pousse à vouloir avoir un impact positif sur le monde à travers son activité professionnelle. Loin de se contenter d’un emploi alimentaire, les alphas aspirent à mettre leurs compétences au service d’une cause qui fait sens pour eux, que ce soit dans l’entrepreneuriat social, l’engagement associatif ou l’intrapreneuriat dans les entreprises.
Cette quête d’alignement entre valeurs personnelles et travail se traduit par de nouvelles attentes vis-à-vis des employeurs. Comme le montre l’étude “The Deloitte Global 2021 Millennial and Gen Z Survey” (2021), les jeunes générations accordent une grande importance à la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, à la diversité et l’inclusion, ainsi qu’à la flexibilité et l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Elles attendent de leurs employeurs qu’ils incarnent une raison d’être et des valeurs fortes, qu’ils offrent des opportunités d’apprentissage et de développement, et qu’ils reconnaissent la singularité de chaque collaborateur.
Pour répondre à ces attentes, les entreprises doivent repenser leur management et leur culture organisationnelle. Comme le préconise la psychologue Nathalie Delobbe dans son chapitre “La reconnaissance au travail : un enjeu de santé et de performance” (2018), il s’agit de créer des environnements de travail bienveillants, qui valorisent les contributions de chacun et favorisent le développement des compétences. Cela passe par des pratiques comme le feedback régulier, la gestion des talents, la mobilité interne ou encore la responsabilisation des collaborateurs sur des projets porteurs de sens.
Il est également important de revoir les critères d’évaluation du potentiel, au-delà des diplômes et des expériences passées. Comme le montre l’ouvrage collectif “Évaluer les compétences transversales” (Coulet & Chauvigné, 2021), les entreprises ont intérêt à se focaliser sur les soft skills comme la créativité, l’intelligence émotionnelle, l’adaptabilité ou encore la capacité à apprendre, qui sont de plus en plus déterminantes dans un monde du travail en constante évolution. Cela implique de diversifier les méthodes de recrutement (mises en situation, assessment centers, etc.) et de valoriser les expériences extra-professionnelles (engagement associatif, projets personnels, etc.) qui révèlent ces compétences.
Par ailleurs, les entreprises doivent aussi veiller à l’équité et à la transparence dans la reconnaissance du travail. Comme le soulignent Maëlezig Bigi et ses collègues dans leur article “Reconnaissance et discriminations” (2015), les pratiques de reconnaissance peuvent parfois reproduire ou renforcer les inégalités entre les groupes sociaux, en particulier selon le genre, l’origine ou l’âge. Pour éviter ces biais, il est important de formaliser des critères objectifs d’évaluation, de former les managers à la non-discrimination et de mettre en place des dispositifs d’alerte et de recours pour les collaborateurs qui s’estimeraient lésés.
Enfin, au-delà de la responsabilité des entreprises, c’est aussi tout notre modèle économique et social qui est interrogé par cette quête de sens et de reconnaissance. Comme le défend la philosophe Dominique Méda dans son ouvrage “Le travail : une valeur en voie de disparition ?” (2010), nous devons repenser la place du travail dans nos sociétés, en le considérant non plus comme une fin en soi, mais comme un moyen au service d’autres finalités comme le lien social, le développement personnel ou encore la préservation de l’environnement. Cela implique de réduire le temps de travail, de mieux répartir les richesses produites et de valoriser les activités non marchandes comme le bénévolat, le soin aux proches ou l’engagement citoyen.
Conclusion
À l'horizon 2040, notre société sera profondément transformée par les avancées technologiques, faisant émerger une nouvelle économie quaternaire centrée sur la création de valeur immatérielle et la contribution au bien commun. Dans ce contexte, l'éducation aura un rôle crucial pour préparer la génération alpha à s'épanouir et à devenir des "héros" au service de causes qui les dépassent. Cette vision humaniste fait écho aux aspirations de cette génération, qui recherche un alignement entre ses valeurs et son activité professionnelle. Grâce à sa sensibilité aux enjeux sociaux et environnementaux, elle pourrait être le moteur d'un changement positif vers une société plus éthique et durable.
Mais pour y parvenir, il faudra repenser en profondeur notre modèle économique et social, en valorisant les contributions de chacun au bien commun et en mettant la technologie au service de l'humain. Cela impliquera de développer une véritable éthique de l'innovation, fondée sur la transparence, la responsabilité et la participation citoyenne. L'émergence de l'économie quaternaire ouvre ainsi la voie à un avenir où chacun pourra développer ses talents et contribuer positivement à la société. La génération alpha, par sa quête de sens et son intuition numérique, pourrait être le fer de lance de cette transformation positive, pour peu que nous leur donnions les clés pour devenir les héros dont notre monde a besoin.
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[Article créé le 26 mai 2024, par Jérémy Lamri avec le soutien de l’algorithme Claude 3 Opus pour la structuration et l’enrichissement, et GPT4o pour l’illustration. L’écriture est principalement la mienne, tout comme la plupart des idées de cet article].
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