Blockchain et champignons : 10 similarités troublantes

Jeremy Lamri
10 min readFeb 10, 2023

[Article rédigé le 10 février 2023 par Jeremy Lamri et Gaspard Tertrais avec le support de l’algorithme Open AI GPT-3 Da-Vinci-003 pour environ 40%].

Sortie récemment sur Amazon Prime, et basée sur le jeu vidéo éponyme, la série The Last of Us met en scène des champignons capables de prendre le contrôle des êtres humains, au point de détruire presque entièrement notre civilisation. Tout au long de la série, on comprend peu à peu les capacités exceptionnelles de ces champignons, capables d’intelligence collective, de résilience et de stratégie de long terme. Si les champignons étaient une technologie, ils seraient sans aucun doute une blockchain, tant les similitudes sont frappantes. C’est le rapprochement que nous avons fait intuitivement avec Gaspard Tertrais, CTO et co-fondateur de Tomorrow Theory.

Un monde qui prospère grâce à une blockchain biomimétique. Créé par Jérémy Lamri et Gaspard Tertrais avec Dall-e 2 (Tous droits réservés, 2023)

Blockchain et champignons : le B.A.-BA

Avant de pouvoir mettre en évidence les très nombreux points communs entre la blockchain et les champignons, il est intéressant de rentrer un peu dans le détail de ce qu’est une blockchain, et de ce qu’est un mycélium, la partie du champignon qui nous intéresse.

Qu’est ce que la blockchain ?

La blockchain est une nouvelle technologie qui se développe depuis une grosse dizaine d’années. Pour essayer de comprendre son fonctionnement, il faut s’imaginer un grand livre de comptes qui stocke publiquement les informations de tout le monde. Tout le monde peut voir ce qui est enregistré, mais personne ne peut modifier ou supprimer quoi que ce soit à l’insu des autres. D’une part, c’est un peu comme si chaque page était une pièce d’un puzzle plus grand et que vous ne pouviez pas modifier les pièces sans modifier le puzzle entier. D’autre part, sachant que tout le monde peut voir ce puzzle, personne ne pourrait modifier ou supprimer quoi que ce soit dans ce puzzle sans que tout le monde le sache.

Chaque transaction est enregistrée dans des “blocs”, qui sont liés entre eux pour former une chaîne, la fameuse blockchain. Cette chaîne contient toutes les informations sur chaque transaction, et est stockée sur des ordinateurs partout dans le monde, ce qui rend la blockchain très sécurisée. En des termes plus savants, on peut dire que la blockchain est un système distribué qui permet aux participants d’interagir entre eux sans passer par une autorité centrale ou un tiers impliqué. Les transactions sont authentifiées par différents nœuds répartis sur le réseau, ce qui rend extrêmement difficile pour quiconque de modifier ou de falsifier des enregistrements existants.

La blockchain utilise une forme avancée de cryptographie pour s’assurer que toutes les informations stockées sur le réseau restent privées et sûres. Elle permet également aux utilisateurs de stocker, suivre et gérer les données sans avoir recours à un tiers, ce qui garantit la confidentialité des données partagées. Enfin, la blockchain permet également de créer des contrats intelligents entre les parties impliquées qui sont automatiquement exécutés lorsque certaines conditions sont remplies.

La blockchain et ses mystères. Créé par Jérémy Lamri et Gaspard Tertrais avec Dall-e 2 (Tous droits réservés, 2023)

Qu’est ce que le mycélium ?

Le mycélium constitue la partie végétative du champignon, celle qui sert à nourrir le champignon, en opposition au mycélium reproductif, qui porte bien son nom. Le mycélium est un système d’organismes microscopiques qui se connectent les uns aux autres sous terre, via des filaments microscopiques appelés hyphae. Ces filaments s’enfoncent dans le sol pour former un réseau, à la recherche de nourriture provenant des arbres, des insectes et des matières en décomposition. Lorsqu’ils rencontrent leur nourriture, ils libèrent des enzymes qui décomposent les matières organiques en nutriments assimilables.

Les liens formés par le mycélium créent une toile extrêmement complexe reliant de nombreux champignons, capable d’envoyer des informations entre chaque organisme avec une efficacité remarquable, et peut-être même plus rapide que celle offerte par une connexion Internet traditionnelle. En effet, le mycélium est souvent comparé à un réseau Internet, car il permet une communication fiable entre plusieurs entités grâce à sa capacité unique à transmettre rapidement des informations avec pratiquement aucune latence ni coût associé au transfert ou au traitement du signal.

Les réseaux de mycélium survivent grâce à leur capacité à se connecter et à partager des informations, ainsi qu’à leur capacité unique à absorber les nutriments et l’eau dont ils ont besoin pour survivre. De plus, ils ont une structure résiliente qui leur permet de résister aux conditions environnementales difficiles et de s’adapter aux changements climatiques. Bon à savoir, l’organisme le plus grand et le plus vieux sur Terre est précisément un champignon, Armillaria ostoyae, qui pourrait être âgé de près de 8 650 ans, et occupe près de 1 000 hectares dans l’Oregon, aux Etats-Unis, soit environ 10 000 terrains de football.

Un mycélium se comportant comme une blockchain. Créé par Jérémy Lamri et Gaspard Tertrais avec Dall-e 2 (Tous droits réservés, 2023)

10 similarités troublantes entre blockchain et champignons

La communauté blockchain a déjà tenté par le passé de comparer d’une manière ou d’une autre les deux concepts, surtout depuis qu’une personne ayant fait fortune dans les cryptomonnaies a donné plus de cinq millions de dollars à une association de recherche sur les psychédéliques, en 2018. Depuis, se tient régulièrement un sommet international nommé CryptoPsychedelic Summit. Si vous n’êtes pas familier avec l’univers des psychédéliques, il est intéressant de savoir qu’ils proviennent très souvent de champignons d’espèces différentes. D’où le lien à établir ici entre psychédéliques et blockchain.

Dans un autre registre, Brandon Quittem, entrepreneur américain, s’est affairé à établir le parallèle dans un article Medium publié fin 2018, et reprenant les propos du célèbre mycologue Paul Stamets. Pour les fans de la série Star Trek Discovery, il s’agit bien de l’homonyme du personnage qui finit par maitriser le réseau mycélial galactique. Quel hommage rendu au chercheur, qui est convaincu que les champignons détiennent les secrets d’un développement durable de notre société.

A vrai dire, la blockchain et le mycélium présentent des similarités si étonnantes qu’il est possible de se demander si Satoshi Nakamoto, le fondateur de la première blockchain, ne s’en est pas inspiré. Si c’est le cas, il n’en fait pas mention dans le livret technique de présentation de Bitcoin. Avec Gaspard, en nous creusant le cerveau un bon moment, nous avons réussi à identifier au moins 10 similarités évidentes, même si la liste est montée jusqu’à une vingtaine au total !

1 — Décentralisation

Les deux technologies sont caractérisées par une décentralisation totale. La blockchain est un système décentralisé qui n’utilise pas de serveur central pour stocker les informations, ce qui permet aux utilisateurs d’accéder à leurs données sans avoir à passer par un tiers. De même, le mycélium du champignon est un réseau décentralisé qui se compose d’un grand nombre de cellules microscopiques qui communiquent entre elles sans passer par une entité centrale.

2 — Fiabilité

Blockchain et mycélium se caractérisent tous deux par une forte fiabilité et une structure distribuée. La blockchain utilise un système de consensus pour vérifier la validité des transactions, ce qui garantit la fiabilité des informations stockées sur sa plate-forme. De même, le mycélium du champignon est un réseau fiable composé d’un grand nombre de filaments microscopiques interconnectés qui peuvent être considérés comme une sorte de plate-forme pour les organismes vivants qui lui sont associés.

3 — Interconnexion

Les similitudes ne se limitent pas à la fiabilité et la décentralisation : la blockchain est un réseau décentralisé avec chaque bloc relié à un autre par des liens cryptographiques qui rendent sa structure très solide et imperméable aux attaques extérieures ou aux manipulations frauduleuses. Le mycélium est composé d’un certain nombre de cellules microscopiques interreliées formant ensemble un réseau dense, qui permet aux organismes vivants associés à cette plate-forme d’envoyer des signaux entre eux, ce qui aide à assurer leur survie collective.

4 — Sûreté

Les technologies blockchain offrent une haute sûreté grâce à la cryptographie intriquée qu’elles utilisent pour protéger les informations et les transactions contre les accès non autorisés. De la même manière, le mycélium du champignon utilise ses minuscules cellules pour former un écosystème fermé difficile à pénétrer, et conçu pour protéger les organismes associés contre les prédateurs et autres dangers.

5 — Adaptabilité

Les technologies blockchain et le mycélium sont également très adaptables. Les technologies blockchain peuvent être facilement mises à jour et adaptées en fonction des nouveaux besoins, ce qui permet aux entreprises d’adapter leurs processus aux exigences changeantes du marché. De la même manière, le mycélium du champignon est très réactif aux changements environnementaux et peut s’adapter aux nouvelles conditions, offrant un système robuste qui peut s’adapter aux besoins des organismes qui y vivent.

Champignon et blockchain, solution ou maladie ? Créé par Jérémy Lamri et Gaspard Tertrais avec Dall-e 2 (Tous droits réservés, 2023)

6 — Scalabilité

Blockchain et mycélium sont tous deux très scalables, ce qui signifie qu’ils peuvent être facilement étendus ou réduits en fonction des besoins. La blockchain peut être facilement intégrée à de nombreuses entreprises différentes et à des applications variées, ce qui permet d’accroître sa portée et sa puissance. De même, le mycélium est capable de s’étendre sur de grandes distances, supportant ainsi de multiples organismes sur une large zone géographique.

7 — Pouvoir

Les technologies blockchain fournissent aux utilisateurs une plate-forme sûre et fiable qui leur permet de contrôler leurs données et leurs transactions, ce qui leur donne un certain pouvoir sur leurs transactions et leurs actifs numériques. De même, le mycélium du champignon fournit une plate-forme qui permet aux organismes associés d’interagir entre eux et d’accroître leur survie collective, ce qui peut être considéré comme une forme de pouvoir.

8 — Transparence

En ce qui concerne la transparence, la blockchain et le mycélium du champignon sont tous deux très transparents. La blockchain offre une transparence totale pour les transactions effectuées sur sa plate-forme, ce qui permet aux utilisateurs de facilement vérifier et de contrôler leurs informations. De même, le mycélium du champignon permet aux organismes associés de communiquer entre eux en toute transparence, ce qui leur permet d’accroître leur survie collective.

9 — Durabilité

La blockchain est conçue pour être robuste et résistante aux attaques extérieures ou aux manipulations frauduleuses, ce qui permet aux utilisateurs de bénéficier à long terme des avantages qu’elle offre. De même, le mycélium du champignon est conçu pour rester stable dans un environnement donné et peut durer des années sans avoir besoin d’être remplacé ou reconstruit, offrant ainsi une protection durable aux organismes associés.

10 — Résilience

Enfin, les technologies blockchain et le mycelium du champignon sont toutes deux très résistantes aux changements. La blockchain est conçue pour être flexible et pouvoir s’adapter aux nouvelles exigences du marché, ce qui permet aux entreprises de bénéficier à long terme des avantages qu’elle offre. De même, le mycélium du champignon est capable de s’adapter aux conditions environnementales changeantes et peut fournir aux organismes associés une protection à long terme contre les prédateurs et autres dangers.

Un monde couvert de mycélium technologique. Créé par Jérémy Lamri et Gaspard Tertrais avec Dall-e 2 (Tous droits réservés, 2023)

Conclusion

En conclusion, il semble plutôt évident que les similarités entre les champignons et la blockchain sont aussi nombreuses qu’étonnantes. Les champignons ont des capacités remarquables qui leur permettent de réguler et de contrôler leur propre écosystème. De manière similaire, la blockchain permet une régulation et un contrôle inédits dans le monde de la technologie. Chacun à leur manière, ces organismes peuvent assurer la survie d’un écosystème grâce à un jeu de règles bien définies.

Les champignons et la blockchain sont donc plus proches qu’on ne l’imagine et pourraient offrir des solutions innovantes à de nombreux défis. Dans l’esprit du biomimétisme organisationnel, il y a fort à parier que ces similarités n’ont rien du hasard, et qu’elles sont autant de signaux que nous devrions suivre, pour nous inspirer toujours plus de la nature. Peut-être que l’avenir du réseau Internet et des transactions mondiales trouvera son chemin en perçant les secrets encore nombreux des champignons et de leur mycélium !

La maison sciences, refuge de la méthode. Créé par Jérémy Lamri et Gaspard Tertrais avec Dall-e 2 (Tous droits réservés, 2023)

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[Article rédigé le 10 février 2023 par Jeremy Lamri et Gaspard Tertrais avec le support de l’algorithme Open AI GPT-3 Da-Vinci-003 pour environ 40%].

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Written by Jeremy Lamri

CEO @Tomorrow Theory. Entrepreneur, PhD Psychology, Author & Teacher about #FutureOfWork. Find me on https://linktr.ee/jeremylamri

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